14 février 2008

Sorry

La date du mercredi 13 février 2008 fera fort probablement date dans l'histoire de l'Australie. En effet, et vous en avez sûrement entendu parler, au moins un peu, dans les médias français (si ce n'est pas le cas, honte aux médias français !), mercredi dernier, le Premier Ministre Kevin Rudd a officiellement présenté des excuses aux aborigènes appartenant à la « Stolen Generation », la génération volée. Ce moment était attendu par des milliers d'aborigènes ainsi que de non-aborigènes, depuis de nombreuses années, et des milliers de gens se sont rassemblés devant des écrans, à travers toute l'Australie (qui fait 14 fois la France, je le rappelle), pour écouter le discours du Premier Ministre. Il y eut des larmes, des embrassades, et il reste maintenant beaucoup d'espoirs quant à l'avenir, avec l'idée qu'aborigènes et « blancs » seront bientôt pleinement réconciliés.

Bon évidemment, ça paraît idyllique comme ça, mais tout n'a pas été aussi rose : le chef de l'opposition a lui aussi présenté des excuses, mais c'était un discours relou, mal construit, et surtout il a rappelé encore une fois (et c'est mal vu) que les gens (juges, autorités locales...) qui ont retiré des enfants aborigènes à leur parents il y a 70 ans pensaient agir pour leur bien. En plusieurs endroits, les spectateurs se sont levés (enfin il étaient déjà debout puisqu'ils ont fait partout une standing ovation au discours d'avant, celui du premier ministre), et ont tourné le dos à l'écran en chantant « Shame on you Nelson, shame ». Bon, et puis il y a quand même certaines personnes qui pense que ces excuses n'étaient pas justifiées, ou même qu'il n'y a pas eu d'enfants « volés », cela vous diront qu'ils ont plutôt été « sauvés », car si on les avaient laissé à leur place les filles auraient été violées par leurs frères puis prostituées, et les garçons... je sais pas les garçons ce qu'ils en disent. De toutes façons, même si c'était le cas, ça ne justifie pas qu'on leur coupe absolument toute relation avec leurs parents, et que l'on ait même pas inscrit quelque part qui étaient leurs vrais parents.
Mais dans l'ensemble, les souvenir de ce jour restera je crois très positif, et à voir le soulagement des grand-mères aborigènes présentes dans l'hémicycle (oui parce qu'en fait c'était une motion votée au Parlement ou quelque chose comme ça), et la vague d'émotion qui a traversé les foules au moment du « We are sorry » et lors de l'approbation du Parlement, on se demande vraiment pourquoi cela n'a pas été fait des dizaines d'années plus tôt. Peut-être le consensus autour de la nécessité de ces excuses n'était-il pas assez fort, le peuple n'était pas « mûr » pour cela. Espérons en tous cas que ce seul mot de « sorry » permettra vraiment une amélioration des relations entre tous les Australiens. C'est fascinant le pouvoir des mots quand même non ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Et bien heureusement que tu es là pour nous informer de cela parce que je te le confirme:pas un mot dans les média français...honte à eux!
Biz,adb

Anonyme a dit…

Rectificatif: RFI vient d'en parler (en fait on a pas eu d'infos mercredi, c'était la grève...), ils ont même donné un morceau de discours et l'ont analysé! Vive RFI!

Unknown a dit…

plus fort encore le pouvoir des images, puisque les aborigènes, si j'ai bien compris France Culture (haha), se sont servis de motifs ancestraux comme preuve de leur appartenance à la terre et vice versa.
cf http://www.lemonde.fr/old-horizons/article/2006/09/06/l-art-cadastral-des-aborigenes_810091_3230_1.html

bises